La Suisse s'enfonce aussi dans une dégradation sociale, mais sans grand bruit (part. II)...
Revenons maintenant à cette barrière de röstis qui a fait parler d'elle pour les votations du 26 septembre 2010 sur l'assurance-chômage.
http://www.rsr.ch/#/info/dossiers/votation_federale_du_26_septembre_2010/
"Assurance chômage: un oui au goût de Röstigraben
Les citoyens suisses ont accepté dimanche la révision de la loi sur l’assurance chômage par 53,4% des voix. La déchirure attendue entre la Suisse romande, qui a glissé un solide non dans les urnes, et la Suisse alémanique s'est confirmée.
Près de 948'000 personnes ont glissé un "oui" dans l'urne, un peu plus de 829'000 un "non". Les opposants à la réforme ont eu de la peine à mobiliser la population alors que le pic de chômage lié à la crise est passé. L'attention de la population a peut-être aussi été détournée par les récentes élections au Conseil fédéral.
La faible mobilisation n'a pas empêché la Suisse latine de mettre les pieds au mur. Le refus a été particulièrement marqué là où le chômage est fort. Les Jurassiens ont été les plus catégoriques avec 76% de "non". Il sont suivis par les Neuchâtelois à 67,8%, les Genevois à 60,5%, les Fribourgeois comme les Vaudois à 55,6% et les Valaisans à 55,3%. Le Tessin a aussi rejeté la révision à 58%. Dans le canton de Berne, le Jura bernois et Bienne n'en veulent pas non plus, mais la majorité a fait pencher la balance en faveur de la réforme avec 53,6% de "oui"."
Comme je le disais sur la première partie, la Suisse est souvent coupée en deux en cas de votations de ce genre, et ce n'est pas la première fois pour le sujet de l'assurance chômage...
"Le «Röstigraben» est une composante récurrente des votations sur le thème du chômage. Lors des deux derniers scrutins, Romands et Alémaniques étaient déjà à l’opposé les uns des autres.
En septembre 1997, ce sont d’ailleurs les Latins qui se sont imposés. D’extrême justesse: la révision proposée cette année-là fut rejetée par 50,8% des votants, l’écart entre le oui et le non n’étant que de 30 000 voix. Le référendum était parti de La Chaux-de-Fonds, à l’initiative de l’Association de défense des chômeurs du lieu. Cette révision avait déjà pour but principal d’assainir l’assurance. La Confédération devait se désengager de son financement, qui s’élevait à 5% des dépenses. Simultanément, les indemnités étaient réduites. Ces mesures étaient entrées en vigueur par voie d’urgence le 1er janvier 1997. Le non du 28 septembre, motivé par l’annonce d’économies supplémentaires, les rendit caduques. Tous les cantons latins étaient dans le camp du non.
Le scénario fut différent le 24 novembre 2002. Cette réforme prévoyait d’abaisser le taux de cotisation de 3 à 2% et de supprimer la cotisation de solidarité de 2% prélevée au-dessus du salaire assuré. En parallèle, la période de cotisation donnant droit au chômage devait être prolongée de six à douze mois alors que la période d’indemnisation était ramenée de 520 à 400 jours, sauf pour les plus de 55 ans. Les syndicats s’opposèrent à cette révision. Mais celle-ci fut acceptée par 56,1%. Le Valais, Neuchâtel, Genève et le Jura furent les seuls à s’y opposer. Huit ans plus tard, le taux de cotisation doit à nouveau être relevé…"
Avec l'aide de commentaires antérieurs aux résultats des votes, essayons d'en comprendre les conséquences..
http://www.rsr.ch/#/info/dossiers/votation_federale_du_26_septembre_2010/
Mercredi, 09 décembre 2009: le Conseil national semble parti pour durcir les conditions dans la 4e révision de la loi sur l'assurance-chômage. Premières victimes, les chômeurs de moins de 30 ans risquent à l'avenir de devoir accepter un travail moins qualifié.
Mercredi, 10 mars 2010 : alors que la situation se dégrade sur le marché du travail, le Conseil national a durci les conditions pour toucher le chômage. Les jeunes et les chômeurs de longue durée sont les principales victimes de la volonté d'économiser. Les cotisations augmenteront moins que prévu.
Lundi, 26 juillet 2010 : les organisations de jeunesse se mobilisent contre la révision de l'assurance chômage. Elles dénoncent une discrimination des jeunes. En cause notamment: la baisse du nombre d'indemnités journalières pour les jeunes chômeurs ou encore l'élargissement de la notion de travail convenable. Pour le comité, ces mesures mènent les jeunes tout droit vers les services sociaux.
Mardi, 27 juillet 2010 : les socialistes, les Verts et les syndicats sont unis pour lutter contre la révision de la Loi sur l'assurance chômage (...) ils ne veulent pas d'une révision déséquilibrée, qui peut se résumer selon eux par "à eux les bonus, à nous les malus".
Mardi, 17 août 2010 : les syndicats se lancent à leur tour dans la campagne en vue de la votation du 26 septembre.(...) La révision de la loi sur l'assurance chômage est "absurde et synonyme de pur démantèlement", à leurs yeux. A la place, ils exigent de ponctionner les hauts salaires.
Lundi, 06 septembre 2010 : à Neuchâtel, comme partout où le taux de chômage est supérieur à 5%, les chômeurs bénéficient de 120 jours d'indemnités supplémentaires - soit au maximum 520 jours, contre 400 dans les autres régions. Si les Suisses acceptent la révision, cette faveur sera supprimée. Certains voient dans la révision un bon moyen d'inciter les chômeurs à retrouver rapidement du travail, alors que d'autres dénoncent un coup porté à la solidarité entre les régions de la Confédération.
Jeudi, 09 septembre 2010 : les Suisses sont appelés à voter sur la révision de l'assurance chômage le 26 septembre prochain. Tous les partis sont d'accord sur la nécessité de trouver une solution, mais les recettes varient. Le poids que la réforme fait peser sur les jeunes est très critiqué.
Jeudi, 16 septembre 2010 : si la révision de la Loi sur l’assurance-chômage est acceptée - et le dernier sondage de l’Institut gfs.bern démontre que les Suisses y sont plutôt favorables - la révision aurait de lourdes conséquences pour les artistes. A commencer par les comédiens, qui sont pour la plupart des intermittents du spectacle.
Pour argumenter le sujet, je vous transmet en grandes lignes les dires d'une personne en laquelle j'ai toute confiance dans mon entourage et qui vis dans une situation professionnelle précaire:
"Je suis au chômage depuis deux ans et dans le domaine de l'horlogerie ou je travaille, on peut remarquer la tendance qu'on les entreprises à faire des contrats de travail avec 3 ou 6 mois d'essais pour aucune promesse d'engagement au bout et des dizaines d'heures supplémentaires de travail non payées"
"Les employeurs étant submergés par les demandes d'emplois profitent d'offrir leurs places avec des salaires à la baisse et/ou engagent des chômeurs comme moi venant d'agences intérimaires de placement... ce qui ne leur coûte pas grand chose puisque c'est pris en partie en charge par l'assurance chômage."
En presque deux ans, cette personne de plus de 40 ans à travaillé dans 4 entreprises différentes (dont une qui n'a rien à voir avec son métier) pendant des périodes proches de 6 mois et n'a jamais été engagée... et pourtant les qualifications sont là!
Venez donc me dire qu'il y a du travail pour tout le monde en Suisse (romande particulièrement)...
Rajoutons encore par là-dessus que dans la mentalité actuelle du monde du travail les jeunes de vingt ans sont considérés comme inexpérimentés, les 40 ans commencent d'êtres "trop vieux ou trop diplômés pour êtres réengagés au salaire d'avant" et que pour un chômeur à la cinquantaine passée, tu es simplement devenu "inutilisable" (bonjour les 15 années de galères professionnelles avant d'avoir droit à la retraite! )
Je ne reviendrai même pas sur les personnes non qualifiées, mères divorcées et j'en passe qui ont toujours et continueront encore de râcler les fonds de tiroirs pour manger à la fin du mois...
La révision de l'assurance chômage, c'était vraiment une bonne chose par les temps qui courent???