la Suisse s'enfonce aussi dans une dégradation sociale, mais sans grand bruit...
Je ne suis pas un spécialiste en la matière mais en quelques mots, je peux vous faire un résumé de ce qu'il se passe réellement en Suisse ces dernières années dans le domaine du travail.
Tout d'abord, le sujet mérite une introduction...
Chaque suisse sait que économiquement parlant, les alémaniques (donc ceux qui parlent un patois allemand ;-) sont plus forts économiquement, ont un salaire supérieur, sont moins touchés par le chômage... et votent donc souvent différemment des romands (ceux qui parlent le vrai français ;-).
On appelle ça la barrière de röstis (le "rösti graben") http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%B6stigraben.
Je reviendrai par la suite sur ce "mur de patates râpées" pour le vote de hier sur la révision de l'assurance chômage.
Maintenant, un exemple imagé mais néanmoins réaliste de la dégradation sociale qui se poursuit en Suisse et qui pourtant paraît inexistante au yeux de nos voisins européens:
-Imaginons qu'une personne au salaire de 5'000 francs suisses par mois se retrouve subitement au chômage dans mon canton (il y'a quelques légères différences avec d'autres). Il est marié, a deux enfants et a travaillé une dizaine d'année dans la même entreprise. Au bout de 3 mois, il retrouve un poste qui ne corresponds pas à son niveau d'étude mais qu'il est bel et bien obligé d'accepter. Touchant 3'500 francs par mois, son salaire sera compensé de 1'500 frs pendant 2 ans par l'assurance chômage.
Si malheureusement (disons que pour l'histoire ce sera le cas) il ne retrouve pas un travail qui lui correspond et retombe au chômage complet, il sera indemnisé maintenant sur 3'500 francs (et non plus 5'000).
Si cela est logique, la situation est pas moins perverse...
Par la suite, cette personne mariée touchera le 80 % de ses 3'500 francs, fera avec 2'800 brut par mois pour vivre (2'400 francs en net) et aura donc perdu la moitié de son salaire en quelques années.
Vu la situation économique actuelle , il y'a fort à parier que monsieur ou madame X ne retrouvera donc jamais son "niveau social d'avant" et qu'il ou elle soit prêt(e) par la suite à accepter n'importe quel travail, sous-payé cela va de soi.
Et cela concerne des centaines de milliers de salariés!
Cet exemple est bel et bien une réalité: quand on habitue les gens à travailler la même chose pour un salaire moindre, allez maintenant dire à nos chers patrons que leurs ouvriers avaient une paye plus élevée avant!!!
Pour "pimenter" le sujet, je vous rappelle que:
- Un loyer de 4 pièces peut varier de 1'000 à 1'500 francs suisses par mois.
-Que tout suisse est obligé de posséder une assurance privée maladie qui coûte au minimum 300 francs par mois et par personne.
-Qu'un salaire compensé pendant 2 ans par l'assurance chômage est bien évidemment compté dans ses impôts.
-Une livre de pain coûte au minimum 2,90 frs, 6 oeufs 3,60 frs, le kilo de viande de porc et fromages environ 25 frs, 30 frs les bas morceaux de boeuf... inutile de préciser qu'un suisse, s'il le peut, fera ses commissions en France car le "caddie" lui coûtera la moitié moins cher sur des produits de nécessité (et du même coup fera dire à un Français que les suisses sont tous fortunés ce qui n'est évidemment pas le cas).
En contre partie, rapellons aussi qu'un frontalier Français sait pourquoi il préfèrera travailler en Suisse^^.
Comme petite concusion, il y'a 30 ans, un ouvrier d'usine dans l'horlogerie pouvait gagner 3'000 frs brut (donc sans déductions) voir plus par mois (mes sources sont simplement celles de mes parents) et je vous l'assure, aujourd'hui. le salaire est exactement le même mais les frais sont nettements supérieurs...
Le démantèlement social, il est aussi prévu ici...mais simplement nos amis européens ne le savent pas!
La Suisse,un paradis fiscal? oui sûrement! mais toujours pour ceux qui ont le moyen de s'amuser avec leur argent...